Le Louvre est un musée, la cause est entendue. Mais il est, d'abord et fondamentalement, un palais où le pouvoir s'est donné à voir depuis plus de huit siècles. Un palais intimement lié à l'histoire de la monarchie capétienne qui a fait la France, avec Philippe Auguste, son fondateur en 1190. Un palais consubstantiel également à l'histoire de Paris, dont il a façonné tout le développement vers l'ouest, avec son double disparu, le château des Tuileries. Aussi le domaine du Louvre incarne-t-il dans la pierre l'image du pouvoir qui, de militaire et royal, est devenu ce "soft power" participant aujourd'hui encore au rayonnement de la France.
Le Louvre est donc un musée dans un palais : cet étonnant défi, lancé par Louis XVI au début de son règne, n'a cessé de façonner l'édifice pour l'adapter à son nouveau rôle. Investi d'une mission politique par la Révolution, annexé par chaque régime pour servir sa cause, revisité par des architectes chargés de magnifier le génie du lieu tout au long des XIXe et XXe siècles, le Louvre est devenu au fil des temps un palimpseste redoutable. Pour démêler cette complexité, pour parcourir ces huit cents ans d'histoire, il faut revenir à la chronologie et aux documents, qui illustrent magnifiquement cette tension entre la pierre et le pouvoir.
Structuré par une série d'introductions qui mettent l'édifice en perspective à chaque étape de son évolution, l'ouvrage présente les plus belles images du Louvre et des Tuileries, réalisées par les plus grands artistes. Chacune de ces images a besoin d'être lue et analysée, à la fois comme une source et comme une oeuvre d'art : apprendre à voir le Louvre, tel est l'enjeu inédit de cette visite, conduite par Alexandre Gady, un des meilleurs connaisseurs de l'histoire du palais.